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Christian Olivier met en musique douze poètes de l’époque révolutionnaire russe

Graphiste et musicien, fondateur du groupe des Têtes Raides, Christian Olivier a toujours été guidé par la poésie. Pas étonnant qu’il soit un jour tombé tête (raide) la première, amoureux des poètes russes du XXème siècle. Jusqu’à en faire un bouquin, plusieurs spectacles et maintenant un disque de chansons, Le ça est le ça. Ce nouvel album solo qui sort ce 24 mars 2023 n’est ni une anthologie de la littérature soviétique, ni un bréviaire révolutionnaire, mais bien une oeuvre poétique et musicale accessible à tous.

Christian Olivier Le ca est le ca

il y a quatre ans, bien avant les événements ukrainiens, Christian, déjà fan d’auteurs comme Vladimir Maïakosvki ou Alexandre Blok, décide de se lancer dans un projet un peu fou, mettre en musique les poètes de la révolution d’Octobre : « Ce qui m’a ému chez eux, moi qui ne suis pas un spécialiste, avoue-t-il, c’est le côté très viscéral de leur écriture. » Comme il ne parle pas un mot de russe, il fait appel à André Markowicz, traducteur, éditeur et poète spécialiste de la littérature russe : « Il a commencé par me dire « fais le toi même »… Puis nous avons travaillé ensemble, sur la base de traductions mot à mot, jusqu’à en tirer des textes capables d’être interprétés en parlé-chanté. »

Au générique, douze poètes de l’époque révolutionnaire (Maïakowski, Pasternak, Essenine, Akhmatova, Harms, Blok, Tsvetaïeva, Bounine, Volochine, Klebnikov, Zdanevitch, Mandelstam), plus un texte d’Alexandre Pouchkine.

L’ensemble paraît d’abord sous la forme d’un livre baptisé La Révolution au coeur, traversé par un conte écrit par Christian, et qui fera l’objet de plusieurs lectures musicales, en compagnie d’André
Markowicz et de musiciens. Devenu un album-disque, le projet est destiné à être décliné en plusieurs formats : lectures musicales, concerts et pièce de théâtre. Premier partage sous forme de spectacle ce jeudi 23 mars 2023 à 20h au Café de la Danse (5 passage Louis-Philippe, 75011). Renseignements et réservations sur le site.

En attendant, voici déjà un avant-goût sous forme de clip de l’album :

Le rappeur russe Oxxxymiron au Bataclan

Après le rock (Nogu Svelo ce lundi 13 mars 2023 au New Morning), le rap: cette semaine musicale russe se poursuit avec le concert du très connu rappeur russe Oxxxymiron au Bataclan mercredi 15 mars 2023 à 20h. C’est malheureusement la seule date prévue à Paris (en pleine grève…) de cette tournée mondiale d’Oxxxymiron où il présente son dernier album «Красота и уродство» (« Beauté et laideur »).

Signalons un autre point commun avec Nogu Svelo: Oxxxymiron est catalogué « agent de l’étranger » par le régime de Poutine et vit lui-aussi à l’étranger, ayant condamné depuis le début l’invasion de l’Ukraine.

Renseignements et réservations sur le site du Bataclan.

Oxxxymiron Bataclan

Nogu Svelo au New Morning

Le groupe de rock russe Nogu Svelo (« crampe dans la jambe ») est de passage à Paris et se produit sur la scène du New Morning (7 & 9, Rue des Petites Ecuries, 75010) le lundi 13 mars à 20h30! A recommander à tous les amateurs de chanson et rock russes!

Nogu Svelo est un groupe de rock culte en Russie depuis les années 90, et son fondateur, chanteur et bassiste du groupe, Max Pokrovskiy est connu de tous. Ils ont publié en tout 15 albums et 65 vidéos musicales. Ils sont néanmoins persona non grata dans la Russie de Poutine et ont dû émigrer à Londres en raison de leurs positions anti-Poutine (dès avant la guerre). Ils ont depuis un an publié plusieurs chansons anti-guerre et soutenu la cause des réfugiés. Ci-dessous leur vidéo la plus célèbre, Украина, chanson bilingue russo-ukrainienne:

Andreï Makarevytch au Casino de Paris

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais Andreï Makarevytch est une légende du rock soviétique et postsoviétique! Avec son groupe Машина времени , il a accumulé les succès dans les années 80 et 90. Olga se souvient encore avec émotion d’avoir été à seize ans à son concert à Leningrad dans les années 80… Depuis, Andreï Makarevytch n’a rien perdu de son allant: ce musicien engagé a été déclaré « agent étranger » par le régime actuel en septembre 2022.

Andreï Makarevytch Machina vremeni
Andreï Makarevytch et son groupe Машина времени

Le voilà en tournée en Europe avec escale au Casino de Paris (75009) le dimanche 5 février 2023 à 20h30 . Venez-le (re)découvrir en compagnie, sans nul doute, de nombreux Russes et Ukrainiens de Paris! Déjà un petit aperçu sur Youtube:

« Cactus » de Renata Litvinova au Théâtre Hébertot

Il n’y a pas que le répertoire classique du théâtre russe (voir notre post précédent sur Tchekhov ainsi que Les Frères Karamazov) qui revient sur les scènes parisiennes, les artistes contemporains aussi! Du moins ceux qui ont fui le régime de Poutine et se produisent maintenant en Europe.

Commençons par Renata Litvinova. Cette renommée actrice et metteuse en scène, proche de la chanteuse Zemfira, monte une nouvelle pièce, Cactus, dont la première a eu lieu à Tallinn l’été dernier et où elle joue le rôle principal. Synopsis de cette performance qui bénéficie d’une musique de Zemfira: dans un contexte intemporel de guerre ou d’émeutes, une femme s’apprête à rejoindre son amant, mais cela ne se fera pas : il l’a trahie avec une autre. Cette amante se révèle alors magicienne et son amour accomplit des miracles autour d’elle…

Cactus est repris pour trois soirées, le jeudi 26 janvier 2023 à 21h, vendredi 27 janvier 2023 à 21h, samedi 28 janvier 2023 à 21h au Théâtre Hébertot (78 bis bd des Batignolles 75017). La pièce est en russe et surtitrée en français. Billetterie sur le site du théâtre.

Renata Litivinova Cactus théâtre Hébertot

« Oncle Vania » et « La Mouette » de Tchekhov et « Les frères Karamazov » de retour au théâtre à Paris

L’année 2023 commence du bon pied: le répertoire classique russe réapparaît sur les grandes scènes parisiennes! Mentionnons pour janvier et février 2023:

Odéon, Théâtre de l’Europe
Oncle Vania d’Anton Tchekhov, dans une mise en scène contemporaine de Galin Stoev
2 – 26 février 2023

Odéon, Théâtre de l’Europe
Les frères Karamazov, adaptation contemporaine de Sylvain Creuzevault d’après le roman de Fedor Dostoievski
6 – 22 janvier 2023

Théâtre de la Ville, Les Abbesses
La Mouette d’Anton Tchekhov
3 – 26 février 2023

Mais faites vite si vous êtes intéressé : beaucoup de séances sont déjà « sold out »!

Renseignements et réservations sur les sites de l’Odéon et du Théâtre de la ville aux Abbesses

Oncle Vania de Tchekhov  à l'Odéon
Oncle Vania de Tchékhov au Théâtre de l’Odéon

« Journal ukrainien » de Boris Mikhailov

Les événements liés à la culture russe (au sens large du terme) se font hélas rares depuis février dernier, saluons d’autant plus la formidable exposition de photos de Boris Mikhailov à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) jusqu’au 15 janvier 2023.

Né en 1938 à Kharkiv (Ukraine), Boris Mikhailov est ingénieur de formation et devient photographe presque par hasard : le KGB ayant découvert des photos de nu de son épouse prises avec du matériel de son usine, il est renvoyé et décide alors de faire de la photographie son métier, sa vie. Et il a ainsi exploré depuis les années 60 nombre de domaines photographiques, du documentaire à la photo conceptuelle en passant par la satire ou la performance personnelle. Ce faisant, il expérimente toutes sortes de techniques et multiplie les astuces pour pallier au manque de moyens matériels.

Série Luriki (portraits soviétiques colorisés), 1971-1985 © Boris Mikhailov. Collection Pinault.

Avec 800 clichés et une projection vidéo, l’exposition « Boris Mikhailov – Un journal ukrainien » retrace chronologiquement ce parcours de l’URSS à l’Ukraine contemporaine en passant par la période mouvementée des années 90. A ses débuts, dans les années 60-70, Boris Mikhailov documente gens et évènements officiels dans la rue, mais en profite aussi pour coloriser ces photos avec des couleurs kitsch et mieux dénoncer l’univers artificiel qu’est pour lui l’URSS.

Il superpose aussi des clichés pour les fusionner et créer des images aussi poétiques que surréalistes, très « hippie » dans l’esprit. Avouons même que la projection à la MEP de ces images sur fond de musique du Pink Floyd (Dark side of the moon) est notre moment préféré…

Série Yesterday’s Sandwich, 1966-68, © Boris Mikhailov, VG Bild-Kunst, Bonn.

Boris Mikhailov verse aussi dans la performance. Il réalise par exemple son autoportrait en uniforme avec de fausses décorations, ou des clichés de ses vacances en Crimée où lui, son épouse Vita et leurs amis jouent à être des bourgeois. De façon plus controversée, ils se mettent aussi en scène pour interroger le rôle des Ukrainiens sous l’occupation allemande pendant la 2ème Guerre mondiale.

Série National Hero, 1991 © Boris Mikhailov, VG Bild-Kunst, Bonn.
Série Case History, 1997-98 © Boris Mikhailov, VG Bild-Kunst, Bonn

Dissident dans l’âme, Boris Mikhailov le reste dans les années 90 où il s’attache à montrer les difficultés de l’époque en photographiant les marginaux, les laissés pour compte de la transition vers le capitalisme. Des photos crues, volontairement provocantes qui ne laissent pas indifférent.

Dissident dans l’âme, Boris Mikailov est maintenant reconnu comme un des grands photographes de notre époque. « Journal Ukrainien » est un rendez-vous à ne pas manquer.

« Jamais frères ? Ukraine et Russie : une tragédie postsoviétique » d’Anne Colin Lebedev

Anne Colin Lebedev est chercheuse en sciences politiques et spécialiste de l’Ukraine et de la Russie post-soviétiques. Elle publie ce septembre 2022 aux Editions du Seuil Jamais frères ?. Ukraine et Russie : une tragédie postsoviétique où elle livre le résultat de ses réflexions sur l’évolution divergente des deux nations, datant de 2014 la rupture fondamentale entre elles.

Elle s’en explique d’ailleurs sur cette très intéressante interview réalisée par TV5:

224 pages, 14x21cm, 19€

Léonid Andreïev, écrivain à découvrir

Le rejet actuel de la culture russe va très loin. Les artistes contemporains soutiens du régime de Poutine sont bannis de nos scènes de théâtre et de concerts. Mais même les auteurs classiques souffrent de désamour, et les republications de leurs oeuvres peinent à trouver leur place en librairies.

Soutenons donc les efforts des Editions rue saint Ambroise à Paris de (re)publier l’écrivain russe Léonid Andreïev dans le cadre de leur collection « Les Meilleures nouvelles ». Peu connu, Léonid Andreïev (1871-1919) a été avocat et chroniqueur judiciaire tout en s’adonnant à l’écriture et à la photographie. Qualifié par certains de « meilleur novelliste après Tchékhov », il n’est connu en France que depuis les années 60 mais mérite largement de figurer dans votre liste de lectures pour cet été! .

A défaut de trouver en librairie ses Meilleures nouvelles, un recueil contenant les onze nouvelles les plus célèbres de Léonid Andreïev entièrement retraduites, présentées et annotées par Serge Rolet, vous pouvez acheter l’ouvrage sur le site de l’éditeur et bénéficier d’un tarif promotionnel (13 € au lieu de 16,50). Il vous suffira de taper (à la dernière étape du paiement) le code promo leonid.

Bonne lecture!

Leonid Andreïev meilleurs nouvelles éditions rue saint ambroise

Coeur de chien de Mikhaïl Boulgakov au Théâtre de la Reine Blanche

Voilà un spectacle qui vient à point nommé! Quand Mikhaïl Boulgakov écrit son texte Coeur de chien en 1925, il règne encore un peu de liberté en URSS. Et en s’appuyant sur son sens du fantastique, Mikhaïl Boulgakov s’en donne à coeur joie avec ce conte d’un chien auquel on greffe des glandes humaines… et qui se transforme en prolétaire borné et vulgaire! Cette satire des prolétaires comme des bourgeois tourne surtout en dérision la volonté de tous les totalitarismes de créer un « homme nouveau ».

Du mercredi au dimanche jusqu’au 8 mai 2022, le Théâtre La Reine blanche/Scène des arts et des sciences ( 2 bis Pass. Ruelle, 75018 – Paris), vous propose une adaptation théâtrale de Coeur de chien interprétée par 5 comédiens de la compagnie de l’Etoile dans un rythme soutenu.

Renseignements et réservations sur le site du théâtre